jeudi 26 juin 2008

Le camp des méchants

Journal

Ca va ça vient... Je réponds sans conviction à un nombre réduit d'annonces, j'ai la plupart du temps pas envie de me remettre au turbin. Comme j'ai un moral plutôt bas, je m'emmerde, et ne profite même pas de mon temps libre. Le chômage blues normal, quoi.


Drift-Raff

Tu connais la Nouvelle Droite ?

C'est un groupe ou mouvement intellectuel. Ca doit peser à peu près pareil que Socialisme ou barbarie à gauche.
J'ai découvert ça dans la revue Elements, elle même issue de l'association GRECE.

Tout ce petit monde a un passé pas éloigné de l'extrême droite, et certaines idées sulfureuses, comme l'ethno-différencialisme font sortir les dents des gens du camp des gentils.
Mais voilà. La Nouvelle Droite serait aussi anticapitaliste, antiraciste, anticatho... De fait, droite, gauche et médias consensuels les détestent équitablement.
Il s'agit plutôt d'une boîte à d'idées dé-labellisées, dont Alain De Benoist serait le mécano principal.
On trouve un goût un peu conservateur pour l'histoire, des appels du pieds vers la gauche altermondialiste, des références un peu rosicruciennes, et surtout, de la bonne culture bien consistante comme on en trouve plus hors des revues destinées aux enseignants-chercheurs.

Aveu : je suis séduit par ces travaux.
Ces idées sont lyriques... Et ça manque tellement. Ce n'est pas un hasard si dans le passé tourmenté de la Nouvelle Droite on croise le réalisme fantastique de Pauwels, et autant de questionnements sur le religieux. Mon moulin à moudre le paranormal et le plus grand que nature y trouve du grain.
Ca c'est la raison "honteuse".

La raison présentable, c'est que ce corpus d'idées bouillonne plus que le plat pays de l'égalitarisme. Et qu'il a 100 bornes d'avance sur les idées politiques débattues ordinairement. Voilà pourquoi je préfèrerai toujours cent fois lire Dantec ou Vaquette à Val ou Onfray (tous référents plus classiquement gauchisss). Même si en pratique, je vis plus proche des médiocre seconds, l'emballement violent des premiers me stimule bien autrement.
Pour moi, la Nouvelle Droite, c'est plus intéressant à écouter que les discours ordinaires du camp des gentils. Je serai ravi de trouver un équivalent de mon côté : ce qui se publie à gauche est déprimant, castrateur, catéchisant, ou d'un républicanisme dont l'idéalisme dissimule mal un élitisme réactionnaire simpliste.

lundi 23 juin 2008

Hop là

32.

Même pas mal.

mercredi 11 juin 2008

T'as trop raison.

Memapa, tu es moi en pire. Tu as trop raison.
Et en plus l'exemple que tu donnes est excellent.

C'est même pas antifiguratif, dis. C'est bien foutu, c'est tout.

mardi 10 juin 2008

Que ça se sache !

Les français travaillent plutôt plus que les habitants des autres pays d'Europe. Et c'est pas une bonne nouvelle, en fait, parce que plus l'économie va bien, moins on travaille, apparemment...

C'est chiffré et expliqué chez Rue89, et, arfff, ça fait du bien à entendre.

vendredi 6 juin 2008

Ho le beau plafond...

Cher Ray Zo,



Journal :


Depuis une semaine...

J'ai effectivement quitté mon job.

J'ai passé la majeure partie du temps à faire la planche sur mon lit, comme j'en rêve souvent. Je me gorge de repos. Et c'est délectable.
Mais mon ascension vers l'état de sagesse totale est quelque peu entravée par des soucis d'argent plus grave que prévus. K-puchett ayant été à la dèche ces deux derniers mois, j'ai mis de ma poche pour le manger et quelques rares sorties, et je commence le mois avec un gros trou dans le budget. La toute-riante a depuis retrouvé un deuxième mi-temps.


Ma vieille ennemie Inquiétude reparaît donc.
Comme je suis plus lâche que Henry Miller, je me remet donc en recherche d'emploi.

Il semble que mes copains-copines aient pressenti un malaise chez moi. C'est d'autant plus louable que je ne suis généralement pas très répondant, mon téléphone est un dérangé chronique. Et moi un ours. J'espère arriver à me sortir du guêpier bientôt.


Tu peux toujours dire que je suis un rêveur. Mais je ne suis pas le seul.


Il va falloir tenir parole

30/05/08


Cher Ray Zo,




Journal :


J'ai dis à plusieurs personnes que je n'irai plus bosser dès lundi, mettant ainsi en route mon licenciement pour abandon de poste. Maintenant reste plus qu'à appliquer.

Ma situation n'est pas intenable au point que je fuie à tout prix mon lieu de travail.

Mais mon employeur laisse pourrir la situation, et plus d'un mois après m'avoir convoqué ne me donne toujours pas de date de fin de contrat officielle. Un jour on te dit que t'es trop naze pour faire un boulot, mais on te garde quand même jusqu'à ce qu'on trouve un remplaçant. Et on prend son temps pour le trouver, il y avait urgence à me faire remarquer mes moindres retards de 5 minutes, mais faire efficace pour autre chose que le client, houlaaa.


J'ai attendu un mois, pour rester "à mon sens" honnête, mais j'ai pas plus envie que ça d'être conciliant avec une boîte qui ne me respecte pas. Qui il y a encore une semaine me demandais de faire des remplacements de dernière minute, sur des horaires plus gros que les miens. J'ai fait mes preuves en matière de souplesse, là.


Mais c'est pas si facile de camper sur ces positions. Quand on est pas une main d'œuvre qualifiée / vendable, on a presque l'impression de faire quelque chose d'illégal en partant comme ça. Et puis il y a effectivement un usage coercitif de la rétribution : si on se barre, on sait qu'on aura un temps de carence sans salaire ni chômage. C'est d'ailleurs pour ça que je choisi de partir à peine ma paie tombée.


Il faut avouer que, dès le départ, un contrat de salaire n'est pas équitable précisément pour cette raison. On est payé après avoir accompli le travail, donc on fait crédit à l'entreprise, puisqu'on lui apporte une valeur pendant un mois sans contrepartie immédiate.

C'est logique pour des travaux ou des échanges ponctuels, on montre d'abord la valeur de ce qu'on donne et on est rétribué ensuite. Mais sur une activité continue, de long terme ? Pourquoi l'employeur peut-il bénéficier chaque jour de sa part de richesse quand l'employé attend la fin du mois ?
Il y a bien sûr des raisons pratiques, comptables. D'accord. Mais ce fonctionnement reste moralement déséquilibré. Et il l'est encore plus quand le contrat est rompu, puisqu'au moment où on arrête de travailler, l'entreprise nous doit encore le temps passé depuis la dernière paie. On a déjà donné sa part de l'échange, mais l'employeur n'est pas plus contraint que d'habitude de remplir sa propre part. Il est donc à ce moment dans une position de force injustifiée. Position qu'il utilise comme menace implicite : "si tu te barres, tu vas en baver double : plus de garantie pour ton avenir proche, mais pas non plus pour ton présent, parce que le fric je te l'envoie à mon rythme, et c'est pas moi qui vais avoir l'air con avec ma carte bleue refusée". C'est ça que j'entends par "usage coercitif de la rétribution".


L'autre difficulté de la situation est le regard extérieur : mon entourage raisonnable peut ne pas comprendre que je choisisse de partir quand je pourrais rester encore quelques temps et gagner quelques sous en plus.


Une fois encore, je vais profiter de mon petit privilège de "toit sur la tête" et d'assurance survie, pour faire si nécessaire la soudure entre la paie et les assedics. Je trouve que ça se justifie, même si une part de moi se sent mal, énonçant ataviquement "tu fais une connerie".



Tu peux toujours dire que je suis un rêveur. Mais je ne suis pas le seul.


La Raison dans le coltard

26/05/08


Cher Ray Zo,



Journal :


Allez, du courage, c'est la dernière semaine, me dis-je, constatant que mes yeux se ferment tout seuls. Pas par ma fatigue de déconfit d'entreprise, mais parce que j'ai manqué ma nuit. Panne de Stilnox. Tentative avortée de compenser avec un grand lait-sirop de canne-vodka. He ben j'aime ça, ça m'a certainement enivré, mais pas endormi. Juste quelques suées bien huileuses. Les comprimés d'Euphytose combinés m'ont tranquillisé, et si c'est du placebo tant mieux, mais pas plus plongé dans le sommeil. Et chez moi, quatre heures de sommeil, c'est loin du compte.

Penser à me racheter des liqueurs, du porto, pour moi ça marche bien comme somnoliphère.

Penser à essayer d'ajouter le pisse-mémé que j'ai acheté pour k-puchett, en cas de nouvelle panne.


Toujours est-il que là, je rame. Il doit y avoir une épaisseur de la peau qui doit ne servir qu'à transmettre l'état de fatigue. Actuellement, j'y éprouve une sensation de fièvre, de chiffonnement et de sensibilité. Pas la gueule de bois, d'abord parce que je n'ai pas assez bu, et puis j'ai aucun malaise réel. Ce qui est une bonne nouvelle.

J'envie les gens à qui l'état de fatigue apporte systématiquement une motivation/satisfaction narcissique, lutter contre la difficulté, les héros du quotidien. Pour moi ça marche rarement.


Drift-raff :


Si la terre était plate, les américains ne seraient pas là pour nous parler de créationnisme.

En fait, comme toujours lorsque la religion se met à essayer de parler le langage de la raison, il y a le moment rigolo où la Foi et le bon sens se contredisent.


On peut admettre par tolérance ou comme ici par jeu que la théorie de l'évolution est une théorie valide, et que quelque chose (Dieu, mais comme la théorie créationniste se la joue neutre et pas téléguidée par l'Ancien Testament, elle admet que ça pourrait être aussi le Grand Cthulhu ou le Plat de Spaghetti Intelligent Intergalactique) serait intervenu pour que notre monde ne soit pas un tas de cailloux, et pour que l'homme soit fabriqué tel quel, sans ancêtre moins sapiens que lui. Une fois ce petit exercice mental effectué - c'est pas facile quand on a été endoctriné dès l'enfance dans l'idée de l'évolution des espèce et de la pertinence de l'archéologie - enchaînons.


La Terre et ronde et tourne autour du Soleil. Que je sache, ceci n'est pas remis en cause par le créationnisme. D'ailleurs si la planète était plate, les marins n'auraient pas pu situer le nouveau continent sur la carte. Ils auraient fini par tomber dans le vide avant d'avoir pu annoncer aux empires européens qu'il y avait de la place, à l'Ouest, jeune homme. On arrive finalement à admettre que l'immense (et peut-être infini, dis) Univers existe aussi.


Pourquoi avoir laissé en friche tant de galaxies pour ne finalement s'occuper que de notre petit caillou ? Une hypothèse scientifique ne tient que si on peut lui donner du grain à moudre, pas si elle décrit juste une exception aux autres lois scientifiques. Quel intérêt que l'homme soit le produit d'un projet divin (ou d'un autre intelligent design) si il est prouvé par ailleurs qu'il est loin d'en être le centre, physiquement ou métaphysiquement ? C'est-à-dire que ça lui fait un créateur pas très ambitieux, non ?


J'ai rien contre l'idée d'un grand horloger, "un truc par delà le machin" qui aurait établi quelques lois physiques et puis laissé faire, parce que pour lui l'univers serait une fonction naturelle. Sans que ça ait de conséquences tordues en matière de prédestination ou de sens. Mais dès que ça remonte à des décisions "volontaires" du créateur, des décisions qu'on puisse raconter, qui impliqueraient une personne divine, on ne peut que chercher à comprendre.


En lecture :

Perdido Street Station 2 de China Miéville. Roman mélange : de la SF steampunk (et pour une fois bien plus punk que steam, l'auteur adore le crapoteux) et de la fantasy (plein de races humanoïdes, de la magie ajoutée à la science). Et je m'aperçois qu'il y a probablement une lecture mythique. Il y a des gorgones, mais aussi beaucoup de chimères (le commanditaire de la peinture, dont les cornes et le sabot peuvent rappeler le minotaure), un oiseau-homme (Icare inversé), une cité labyrinthique… Des mythèmes à profusion, voilà.
Et comme dans tout récit d'imaginaire ambitieux, tout n'est pas expliqué, il y a de la place pour rêver.



Tu peux toujours dire que je suis un rêveur. Mais je ne suis pas le seul.

Des labys rations.

26/05/08


Cher Ray Zo,


Journal :


Cette nuit, comme plusieurs fois auparavant, j'ai fait un rêve sur un livre de réponses ultimes, d'initiation (l'origine éveillée de ce rêve doit être la lecture de Jonathan Strange et Mr Norell, empli de références à des livres fictifs et de descriptions d'un monde féerique parallèle).
Il s'agirait d'un livre d'un auteur ésotérique "oublié" sauf par quelques enthousiastes, dont un autre auteur aurait fait une vulgarisation. Le livre ne serait plus édité aujourd'hui, mais encore trouvable. Soit je le cherche dans mon rêve, soit on m'en parle, soit j'y pense. Dans le temps du rêve, j'ai le nom de l'auteur ou le titre de son livre sur les lèvres. Il y a toujours aussi dans ces rêves un thème du labyrinthe, des portes à choisir, des couloirs, et une séduisante ambiance de mystère. Ce que j'aime, dans ce genre d'ambiance, c'est l'idée qu'on puisse lire des détails dans le monde banal, indications et possibilités cachées pour entrer dans un monde plus aventureux. Un mélange de dimension parallèle, de fantasy et d'underground.


Pendant ces rêves, je suis croyant. Le jour, j'ai une nature immédiatement crédule, compensée par une réactivité faible et un sens critique assez alerte. Je pourrai croire quelqu'un qui me baratine d'une façon cultivée et habile sur des thèmes comme l'amélioration de l'âme, les pouvoirs mal connus de l'esprit, tout ça. Mais comme je suis lent, le temps que les outils de persuasion soient mis en marche, j'ai vu les défauts du système, les zones floues, les réutilisations maquillées d'éléments mystiques connus… Bref, jusqu'ici, je ne me suis jamais fait pigeonner.


Ces rêves synthétisent une partie de mes goûts, de mes espoirs. Il demeure une envie qu'une démarche mystique aboutisse, qu'on puisse avoir sur soi-même un contrôle magique, genre yogi ou chamane. Les idées de Ravalec et de Colin Wilson me plaisent particulièrement car elles sont rattachées à l'art, à la créativité. Dans ce genre de thèmes, je suis aussi tenté par la prise de psychédéliques, la méditation transcendantale, la sophrologie et le rêve lucide.

Ca vient sûrement d'une forme d'esprit chaotique, rêveuse. L'impression que les fragments d'étrangeté qui emplissent mon esprit, mes associations d'idées digressives, mon goût pour les détails hors-norme, devraient aboutir, si ce n'est à quelque chose de cohérent, au moins à quelque chose d'épanouissant en moi. Un rapport personnel à l'univers, ça aurait son petit charme.



En lecture :

Jonathan Strange et Mr Norell : un aspect intéressant des longs romans et des sagas, c'est de voir aller et venir des personnages à l'intérieur du récit. Ils sortent de la sphère de vigilance du lecteur, pour remonter à la surface des pages au moment propice. C'est un des effets qui peuvent donner du vivant au livre, comme si ces personnages étaient libres de leurs mouvements et pas engagés sur les rails de la narration, alors même que l'auteur a justement exercé un grand contrôle sur elle.



Tu peux toujours dire que je suis un rêveur. Mais je ne suis pas le seul.