jeudi 26 août 2010

Quand le réel est devenu fun.

Selon Lehmann dans sa préface à "retour sur l'horizon", une antho de SF française, la SF est spontanément transcendentale. Dit comme ça... Je propose une hypothèse qui confirme cette proposition et resserre son lien avec l'imaginaire. Dans un monde de communication, le récit, les références sont partout. L'âge des mythes est revenu. L'exemple le plus schématique étant l'usage du Storytelling en politique (Les falsificateurs, le roman de Bello, en est une passionnante illustration ).

Les symboles et récits ont retrouvé leur rôle ancien. Dans les grottes, on peignait la chasse pour favoriser la chasse. Les statues antiques étaient des incarnations concrètes du divin. Aujourd'hui, Argos-Panoptés, le Géant aux cent yeux, c'est pas une antiquité, c'est juste la caméra dans le métro. Et un récit ("il y a un terroriste qui fuit l'armée en mobylette" ou "je suis hyperactif,  si je suis élu, je vais rendre la France hyperactive") peut influencer nos comportements. La mémétique est le fonctionnement actuel de la magie...

Donc si on décrit le monde actuel de façon réaliste, on utilise des récits et de mythes.  Comme le fait Thomas Pynchon, par exemple. Ou Garcia-Marquez, avant lui...  D'une certaine manière, une partie de la littérature escapiste* ne fait  donc plus que désigner le réel, le réel est devenu ce qu'était l'Art, un jeu à décoder - encoder.
L'imagination est arrivée au pouvoir, parce que la technique dépasse en permanence l'idée qu'on a du réel.
Les archétypes de Jung + le Storytelling + des boulons = ce qu'écrirait Zola aujourd'hui s'il voulait toujours faire du réalisme. Ce qu'il a fait, d'ailleurs, puisque la fin du cycle Rougon-Macquart contient une potion magique.
Ne PAS décrire cette transcendance maintenant quotidienne, ça, c'est une littérature hors du monde et du réel. Ses auteurs sont finalement beaucoup plus enfermés dans le faux que les autres, ils font une fiction qui relève de la falsification, puisque son réel exclue la présence de métaphysique.


L'escapisme, c'est la réalité, gloire à la nouvelle chair.


* : de "escapism", désignant en anglais la littérature d'évasion au sens très large -  tout l'art qui divertit le lecteur du réel au lieu de le lui désigner.

jeudi 12 août 2010

DW

En fait, Doctor Who, c'est du dandy pulp avec de la twilight zone.
Dit comme ça, je suis pas certain de le vendre mieux qu'avant...

mardi 3 août 2010

les nazeurs

"nazeur" : le mot vient du site rue 89. On peut noter les commentaires, et si on lui met une note basse, on le naze.
C'est probablement un point godwin caché, en fait, ce mot...

J'ai toujours eu une pointe d'agacement face à un comportement courant dans le geekdom : les mecs achètent le produit, tous les produits d'un certain genre (comics, billets pour des films de SF...) et lui cassent du sucre dessus, selon des critères super élevés, comme quoi l'oeuvre prend les gens pour des cons, que ya pas assez d'intelligence, que c'est crétin.

La source de ma crispation, je viens de la trouver. Le nazage d'oeuvres issues d'un univers pour lequel on a du goût me semble être, dans la plupart des cas, une hypocrisie et une auto-valorisation facile.
Une façon de dire aux gens qu'on est plus intelligent que ce qu'on consomme, même si on continue à le consommer (ça doit d'ailleurs être valable dans beaucoup de domaines autres que la culture geek). Merde, sssumez vos bas instincts.

Si je vais voir, prenons un exemple d'école, Babylon A.D. avec Vin Diesel. En particulier si je suis un peu informé par le buzz, mais "Vin Diesel" sur l'affiche devrait être une info assez significative en soi, qui devrait pousser à la consommation ou à son refus. C'est complètement faux-derche de dire que le film est mauvais parce qu'il est bête, concentré sur l'action et pas aussi fin que le bouquin. C'aurai été une excellente surprise que ce ne soit pas le cas, mais quand même. Le film est plutôt moyen, certes. Mais naze parce qu'il a les caractéristiques habituelles d'un blockbuster d'action SF? Si vous aimez les blockbuster SF, allez y et profitez du truc, si vous n'aimez pas les clichés de ce genre, n'allez pas en voir (genre le mois de sa sortie) sans vous être assuré d'un minimum de qualité.

Si on est très malin et très au dessus des oeuves qu'on a dénigré, on consomme autre chose, c'est tout. Lisez des trucs, ou même jouez à la console, on s'en fout. Mais vous rachetez pas une conscience, ça demande un peu plus que quelques sarcasmes convenus.



Mais oui, je sais que la mauvaise foi est un droit fondamental.