samedi 19 avril 2008

2 avril 08

Cher Ray Zo,


Journal :

Un de ces matins où je dois désenfouir ma conscience pour ne pas plonger dans une torpeur totale. La conscience comme starter de l'ensemble des fonctions vitales.

Le cœur est un quarante-cinq tours rayé où seulement les deux pieds du batteur sont enregistrés. A force de faire du rap avec le faire accélérer puis ralentir pour rien il siffle comme un vieux train enrhumé jusqu'au ventre.

Malzieu

Pareil, un vieux train, enrhumé jusqu'au ventre. Une loco d'avant le far-west à peine capable de faire le tour de l'usine. Je sens que ma grosse carcasse de trentenaire dissimule un pépé pré-grabataire, qui comprend pas tout ce qu'on lui dit et qui frôle la syncope. Limite j'ai la tremblante et la voix chevrotante.

Il me faudra peut-être un troisième café pour me sortir du brouillard, et là je serai assuré d'être excité comme une puce et de ne pas pouvoir dormir.

Lorsque je bossais avec Morticiou, au moins, je pouvais me taper des petites siestes. Des siestes qui épuisent la fatigue, ou vous recalent sur un vrai cycle d'éveil, au lieu de rester éveillé et lutter indéfiniment, gâcher son énergie à sortir d'un cycle de sommeil artificiellement interrompu.


Drift :


Avec des revendications syndicales comme la sieste, un minima social chômage permettant réellement la survie et la semaine des 32 heures, un syndicat aurait vraiment une posture révolutionnaire : il irait à l'encontre de tout ce qu'attend non seulement le système, mais même les exploités. Je l'ai déjà dit, la paresse est une des rares choses qui passe encore pour un pêché, dont la peine méritée seraient la déchéance sociale et matérielle.

Tu peux voler, tout le monde le fait.

Tu peux mentir, à l'école, à tes amis, sur ton CV, c'est normal.

Tu peux avoir les yeux plus gros que le ventre, ça passe totalement inaperçu.

Tu peux être un sociopathe fini, égocentré et fier de l'être, du moment que t'es épanoui, tant mieux pour toi.

Tu peux être médiocre, rester confortablement dans ta petite case, personne ne t'en voudra, c'est tellement dur de faire mieux.

Tu peux être matérialiste, radin ou avide, c'est l'air du temps.

Tu peux être niais, on peut pas t'en vouloir d'être reposant.

Que tu sois un connard ou un peu con, au fond c'est pas si grave. C'est la vie.

Par contre, si t'es paresseux, si tu tires au flanc, économises tes efforts… Le nombre de gens qui trouveront juste que t'en payes bien les conséquences, s'en trouveront renforcé dans leur condition qui pensent que ton naufrage relève de l'ordre naturel, participation massive au référendum, vote presque unanime.


Hier, vu une scénographie de Stanislas Nordey, au théâtre du Rond-point. 7 secondes avant impact, récit à plusieurs voix de la guerre en Afghanistan. Pour faire ressortir la banalité de la violence, le jeu est monotone. L'idée de "guerre abstraite" est claire mais pas frappante…

Piste d'un contre-usage du langage déshumanisé.

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