dimanche 30 mars 2008

Combat d'avant-garde postérieure.

Oui, c'est facile de se moquer ainsi . Mais ils prêtent le flanc, aussi, les féministes.

Je me demande, au passage, s'il n'existerai pas un sexisme altruiste, quelque part.

A part ça j'ai un vrai post intime et prise de tête en réserve, je lâche pas l'affaire, bien sûr.
Je le posterai... Aujourd'hui peut-être... ou alors demain... Moi les émotions, ça me rend tout blême.

mardi 18 mars 2008

Cher Ray Zo,


Journal :

Après un combat lent et sans attraits, j'ai vaincu le mauvais génie d'I-tunes, et réussi à lui faire comprendre qui commande dans ce lecteur de MP3, namé.

Je pourrai donc lui faire avaler des nouveautés bientôt, ce qui me manquait bien.

Tu connais mp3fiesta.com ?

C'est pas gratuit. Mais c'est tellement pas cher que la question de la légalité se pose un peu. Ca résout momentanément mon dilemme personnel, à savoir prendre gratos c'est pas très juste, être une vache à lait quand j'en ai pas les moyens, c'est pareil.


Drift :

Je serai partant pour une surtaxe mensuelle ajoutée à mon abonnement internet. Avec surtaxe sur l'année suivante si, pris de fringale, je téléchargeais plus de 100 titres par mois… Et les artistes seraient réellement rétribués en fonction des téléchargements. Ca me ferait mal que l'argent que j'emploie à télécharger les fatals picards aille à Céline Dion, par exemple. Or c'est ce qui arrive avec la taxe sur les supports vierges, hein. Même quand les CD servent à graver des photos du petit dernier, il y a de l'argent qui va à Celine Dion, et aux artistes que la SACEM a estimé comme étant écoutés par les copieurs d'albums. Les chiffres de départ sont les disques les plus vendus.

La répartition par probabilité de la copie est "juste". Je donne un peu pour les gens qui vont copier du Johnny, mais eux donnent un tout petit peu pour Didier Super, même s'ils en ont jamais entendu parler. Mais dès l'ors qu'on peut tracer mes téléchargements ? Mon forfait est global pour ma consommation d'immatériel, mais la recette tirée des forfaits est distribuable avec précision.

Le piratage c'est mal. J'aimerai bien penser que c'est comme du braconnage, sauf que non. C'est plus comme détourner une source : même si moi je n'en bois que 3 gorgées, mon détournement continuera à profiter à d'autres buveurs, et la quantité qui échappe au propriétaire du terrain de la source est pratiquement inquantifiable.

Mais le téléchargement, c'est un peu comme si on avait inventé des canadairs personnels, qui iraient chopper la flotte au besoin, à la source pour nous la rapporter direct dans la bouche. Le problème du propriétaire, c'est qu'il avait tellement pris l'habitude de nous taxer l'eau en nous faisant payer l'accès à ses fontaines à lui qu'il a mis du temps à accepter que le système de distribution changeait.

Mon raisonnement à moi - tu t'en fous probablement mais si ça me fait plaisir de gamberger qu'est-ce que t'y peux - c'est que les proprios de sources payent depuis un peu moins de 10 ans les presque 40 ans où ils ont tiré profit de leur monopole des fontaines. Je me demande comment pencherait la balance si on mettait face aux pertes grandissantes les profits faits du temps d'avant les canadairs.

Les libéralistes, et je soupçonne les patrons et actionnaires des majors d'en être, pensent que le marché s'autorégule, parce que l'offre et la demande doivent correspondre. On nous l'a fait entrer dans le crâne : c'est à nous, comme travailleurs, de correspondre à la demande de travail, à faire la meilleure offre sur le marché, être moins payés que les plombiers polonais pour être sûr d'être payé tout court. Ca marche donc aussi comme ça dans l'autre sens et faut que les majors se fassent à l'idée : tant que l'offre de la gratuité sera plus intéressante que la leur, ils pourront faire légiférer l'Etat tant qu'ils veulent (tiens donc, on a besoin de l'Etat maintenant, j'avais mal compris le fonctionnement de l'économie alors ?), on ira prendre là où c'est plus facile. Même si on envoie les hélicos à certains pirates, et qu'ils sont mis en taule avec les tueurs en série, ça ne rendra les pirates que plus malins.

La consommation de loisirs est basée sur la séduction, pas sur la répression… Eclate-toi chez moi ou je te tape ! Je crains que cette injonction implicite soit justement ce qui amène à chercher ailleurs.


Journal :

Je te disais il y a quelques semaines avoir eu des sentiments amoureux en rêve.

Il y a une autre expérience dont je me souviens parfois. J'y pense maintenant parce qu'il y a une fille qui a un peu le même genre de visage, dans le hall d'accueil où je suis.

J'ai déjà eu le coup de foudre pour une image. Ca m'est arrivé une fois, plus depuis.

Enfin si, j'ai croisé ensuite une personne qui ressemblait à l'image, et j'ai eu un retour de coup de foudre. Mais comme c'était une passante, une inconnue totale…

Donc ce visage, c'était quelques secondes d'une vidéo qui passait en boucle sur l'écran, dans la vitrine d'un salon de coiffure. Un mannequin, donc. Première et unique fois où j'ai pu éprouver quoi que ce soit pour une beauté froide. Elle n'était vraiment pas mon type.

Elle avait les cheveux courts et bouclés, châtain bronze, une sorte de permanente très dense, presque un buisson. Les yeux bleu norvégienne. Elle avait un air un peu étrange, quelque chose d'hypnotique dans son port de tête, son expression.

Le salon de coiffure était dans une rue voisine de chez moi. Je n'avais pas remarqué la vidéo auparavant. Quand je repassais ensuite devant, j'ai attendu le morceau de la boucle vidéo. Les premières fois, l'émotion est revenue, et puis ça s'est estompé avec le temps.

C'est justement l'intensité de cette émotion qui m'étonne.

J'ai toujours eu des émotions troubles. Puissantes, parce que me travaillant longtemps, mais très rarement fulgurantes. En dehors de la peur, presque rien d'irrépressible.

En amour… c'est ce qui est triste. Mes émotions les plus fortes (qu'on différenciera indulgemment des sentiments, voilà, merci) se sont presque toujours portées sur des figures plus que sur des personnes. C'est-à-dire, comme je le disais, soit des images, soit des rêves, soit des filles de loin. J'avais un vrai cœur de jeune fille au collège. Et puis bon, le premier baiser est arrivé tard, est reparti vite, et mon imaginaire avait déjà eu le temps de devenir pragmatique. Peut-être que j'ai appris à cette époque à refouler les attirances trop fortes.

Mais voilà, les filles de loin, les filles avec qui il ne s'est rien passé, c'est ça que j'ai vécu le plus romantiquement. J'étais pas malheureux. Ca me convenait parfaitement qu'elles restent inconnues ou méconnues. Je pouvais tranquillement me sentir beau au bois dormant, sachant que les princesses fonctionnaient comme moi, préférant les sculptures aux sculpteurs. Sauf qu'elles allaient chauffer les sculptures, ensuite, tandis que moi… je prenais la pose de celui qui regarde en spectateur. Difficile, mais tout à fait confortable.

Je ne voulais pas mieux les connaître. Faire l'amour, se sentir bien, oui, mais pour le cœur, je crois qu'au fond je savais que la vie, la Relation, ce serai jamais aussi bien que l'attente et l'admiration. Je savais que le piédestal sur lequel je mettais les filles était de ma main, que personne de réel ne tiendrait en équilibre là haut.

Au fond, je pense toujours un peu comme ça, sauf que je garde les objets de cristallisation moins longtemps dans mon collimateur.
J'arrive plus ou moins à trouver ce qui, dans la vie, est cristallisable. C'est encore rare, mais j'y arrive. J'ai bon goût, en matière de filles de près.


Tu peux toujours dire que je suis un rêveur. Mais je ne suis pas le seul.

samedi 15 mars 2008

Les doux rêves sont faits avec ça

Cher Ray Zo,


Journal :

J'ai d'autres addictions que la glandouille. Des plus classiques.

Le Stilnox, surtout. La dépendance n'est pas physiquement durable, au bout de 3-4 jours on pourrait s'endormir sans facilement. L'accoutumance est vraiment légère. Ca doit faire trois ans que j'en prends, à moins d'avoir les nerfs bien empelottés, pas besoin de plus que mon demi comprimé pour plonger. Par contre, la dépendance psychologique... C'est efficace, ça dure 6h pile poil et je me lève même pas dans le coltard. Idéal pour les têtes intranquilles, comment résister ?

J'ai toujours tellement galéré pour m'endormir, qu'avec un emploi du temps m'empêchant de me coucher quand j'veux si j'veux, je ne sais plus vraiment faire autrement. Etrange, puisqu'en revanche, tomber dans le sommeil en journée, volontairement ou non, c'est facile. Facile même quand j'ai bien dormi. Quand, au fond, j'ai envie de dormir ou de zapper telle heure ; ou de la tranquillité d'esprit prise dans le sommeil, une île de calme intime dans la journée. Tandis que le soir, c'est l'heure où mes insatisfactions me travaillent, et puis c'est l'heure où je lis...

Le problème de l'extinction des feux n'est pas tout récent : avant, je me masturbais pour atteindre le sommeil. Habitude perdue qui a eu le temps de me laisser de déplorables réflexes quand je ne suis pas seul à espérer la jouissance. Mais c'est si bon de se laisser gagner par cette marée de douceur qui suit la décharge… S'il y a bien un truc à propos duquel on pourrait dire aux femmes "tu peux pas comprendre", c'est bien celui-ci. Quand aux veinards qui n'ont pas d'épisodes récessifs, je les envie certes, je sais ce qu'ils gagnent, mais eux ne savent pas ce qu'ils perdent.Bref, le sommeil. Convenons-en, le Stilnox fait gagner en propreté ce qu'il fait perdre en naturel.

En soit, dépendre du Stilnox, c'est pas la mort du petit cheval. Je préfère être assuré d'un sommeil minimum que piquer du nez au boulot. Enfin je veux bien piquer du nez au boulot, au fond, c'est les autres qui veulent pas, et moi je veux pas les fâcher.

Ce qui me perturbe finalement, plus que la dépendance, c'est un effet secondaire. Au lever, je suis clair, certes. L'ordinateur est prêt à repartir pour la journée, connecté et tout. Mais la connexion est filtrée, pas question d'aller sur les sites érotiques, les sites de loisirs, etc. Bref, je crois que le Stilnox abaisse mes facultés émotionnelles. Pour autant que ça existe, les facultés émotionnelles. Je ne sais pas si c'est dû au produit lui-même, au mélange avec mon anxiolytique (car oui, mon anxiolytique), mais c'est chhhiant.

Les soirs où je suis bien crevé comme il faut, ou quand carrément je zappe le stilnox et que je dors sans (puisque je n'y ai pas pensé, j'ai pas peur de pas dormir, donc je dors, donc tout ça c'est dans la tête, d'accord bien sûr, mais j'ai une mauvaise tête, voilà, elle fait pas ce que je lui demande, c'est bien le problème, je peux reprendre ? merci.), je me réveille vraiment différemment le matin.

Ce qui change, c'est que j'ai rêvé. Alors qu'avec le Stilnox, je ne me souviens pas de mes rêves, à moins d'avoir dormi bien plus des 6 heures chimiquement programmées. Le médoc force le corps à ne pas trop émerger de la partie reposante du sommeil, écourte les états proches de la veille. Donc ce que je rêve, je l'imprime pas, je le vis moins. Et moi, j'ai toujours eu confiance en mes rêves, même mes cauchemars. C'est comme voir les tripes de l'intellect. Le vrac. Et ce qu'il en reste au matin, c'est radioactif, plein d'énergies, faut pas le laisser traîner n'importe où (surtout pas des cimetières. Les morts-vivants irradiés sont une métaphore du refoulé, c'est certain).

Est-ce que c'est en me coupant de ma matière onirique que le Stilnox m'anesthésie ?


Donc, un jour, quand j'aurai le temps de chercher une autre solution, j'arrêterai le stilnox. Ce qui pourrait marcher pour moi, ce serait de passer des enregistrements de jolis textes un peu lénifiants. Une berceuse pour grands. Des poèmes de Lamartine, ou du Giraudoux, lus par une voix bien nasale… Ya peut-être un marché, là : les livres audio-dodo ?


(tout ça parce que cette nuit, j'ai fait un rêve érotique avec un labyrinthe à partouzards mystiques, des résilles rouges pour bondage de groupes et du face-sitting. Ah bah oui, quand on découvre les motivations d'une réflexion, ça peut surprendre, hein ?)


Lu :

Le contentement de Jennifer Wilson : ça se confirme depuis que la narratrice est amoureuse, elle enchaîne les banalités. Déjà 40 pages pour dire "depuis que je suis amoureuse, je perçois le monde différemment". Elle est avec Cyrano de Bergerac débarquant du passé, et tout ce qu'elle découvre sur l'amour, ça lui donne le même air qu'une lycéenne qui trouve les hommes immatures. Alors que j'aimais bien le début, j'ai l'impression que l'auteur a donné son manuscrit à une pro de la chick-litt pour le boucler…



Tu peux toujours dire que je suis un rêveur. Mais je ne suis pas le seul.


jeudi 13 mars 2008

Cher Ray Zo,

Journal :

No sex last weeks. Libido de merde, complexes du même acabit, fatigue générale, psy nul aussi.
Fric toujours flippant, feuilles de maladie en souffrance (beau titre, non ?), remboursement encore loin.
K-puchett m'a demandé, à l'occasion d'un épisode de Mr House, si j'étais heureux. Ma réponse est "non, mais…" Tandis qu'elle dirait (pour son propre cas) "oui, quoi que".
Je ne découvre pas ma propre banalité, mais le naturel avec lequel je me suis défini comme malheureux m'a surpris. Et quand elle m'a demandé si elle y pouvait quelque chose, je lui ai répondu non, avec toujours aussi peu d'hésitations.
J'ai quelques critères concrets pour mesurer mon bonheur. Des champs d'épanouissement, plutôt. Sexualité, sociabilité, créativité, consommation… Dans chaque cas, je sais ce que je veux, ce qui m'est accessible. Je ne l'ai pas, ou plus. J'ai une base confortable, je me suis bien éloignées des abîmes de mal-être, mais pas de terre en vue, horizon morne et pas un souffle de vent pour ma voilure.

Lu : (fini) Chronique des jours à venir, qui en anglais s'intitule Scientific Romance, en hommage à la façon dont HG Wells présentait ses romans. Le voyage exotique dont je parlais dans une précédente entrée se rapproche aussi des œuvres de Jules Verne, et dans un certain sens de ceux décrits par Wul, en nettement plus savant. Noté la référence à Tesla, qui est devenu, avec la première machine à calculer et la physique quantique, une référence pour les transfictions traitant des ères industrielles. Ce sont comme des repères, point d'origine et centres de gravité pour le sentiment d'accélération de l'histoire, premiers jalons de progrès chaotiques et séduisants.

J'enchaîne presque par hasard en reprenant la lecture du Contentement de Jennifer Wilson, dans lequel c'est Savinien de Cyrano de Bergerac qui a voyagé dans le temps. Cette fois, le voyageur du passé est décrit par un tiers, et en esquivant pour l'instant les références techniques. L'héritage affiché serait plutôt celui des romans philosophiques, mais le récit se présente plutôt comme satirique, presque social. L'opposition entre réflexion et sens commun qu'ont pourrait trouver dans Microméga est absente..
Le récit souligne comme dans la Chronique une inadaptation du voyageur antérieure à son départ : le regard sur le monde était déjà sorti de l'immédiateté, donc du présent, avant le voyage. Le voyage, le décalage dans le temps est dans les deux cas une métaphore d'un regard critique sur l'époque. Critique mais pas théorique : l'inadaptation physique, culturelle ou sociale de l'homme est vécue et racontée, plus que constatée et analysée.

Bon, par contre là je continue à lire et ça tourne à la relation amoureuse simple et ineffable, intimité poseuse des gens qui jouent aux demi-mots, où pour pas écrire des lourdeurs surannées on écrit des non-dits intérieurs qui font leurs intéressants…

Là encore, de la transfiction bobo, mais pour bobottes littéraires… "han, je suis spéciale, qu'est ce qu'il m'arrive que non mais c'est je sais l'amour mais non parce que je ne peux pas je suis trop donc mais c'en est que c'est beau". Rha, un ingrédient qui me gâche bien la lecture, tiens. Alors l'éditeur c'est l'Olivier, et dans les pages que je suis en train de lire, on est vraiment dans la transfiction bobo.

Je me demande si c'est bien que les bobos se geeheekisent un peu, ou si c'est chiant que le geek soit perméable aux mignardises bobos.


Visionné :

dvd Sahara, avec plein de stars et deux chapitres du disque niqués. Film d'aventure relativement haletant. Lambert Wilson fait le méchant français de service. Sans relief, mais sans défaut majeur. En fait, ils ont du mettre plus d'argent dans leur casting (Steve Zahn Mathew Mac Caughney, Penelope Cruz, William H Macy dans un second rôle, non c'est pas un pléonasme, et tous les second rôles de blacks déjà vus dans une série ou l'autre) que dans leur effets spéciaux, et c'est pas dommage, au fond… L'aventure est basée sur un scénar, une ambiance, par sur quelques démos numériques. Petite étrangeté de goût, la centre d'opération de Lambert Wilson, très base de grand méchant JamesBondien, design 60's…

Ca ressemble un peu à un Part I ou à un pilote de série, puisque certaines pistes restent ouvertes…

Drift (élucubration novice candide)

Tous les échanges de monnaie sont basés sur la Foi : il représenteraient telle ou telle quantité d'or supposément en banque. Je passe rapidement sur le fait que j'imagine mal les réserves d'or bouger en fonction de l'inflation dans tel ou tel pays, beurahef. Ce qui me semble idiot, c'est que l'or est lui-même symbolique. Il a une valeur de rareté, d'esthétique, de pureté, mais on peut rien en faire de vraiment utile, non ?

A quel moment et où l'or est-il devenu important ?

Du coup, notre économie est basée sur le symbole d'une matière elle-même symbolique. Et c'est pas fini, puisque le système financier est un jeu de paris et d'hypothèses sur la durée de ces échanges symboliques. C'est plus de la pensée magique (si je fais tel acte symbolique – brûler un cierge - j'aboutis à tel résultat concret : gagner au loto) mais de l'absurde, compter les tomates pour en déduire des poires. Le tout dans un verger pas encore planté.


Tu peux toujours dire que je suis un rêveur. Mais je ne suis pas le seul.

mardi 11 mars 2008

Les perspectives intérieures

Cher Ray Zo,

Journal :

Enfin revu Machouanne hier soir. Retrouvaille et conversation de fond, les vies qui changent, les blessures et les coups vaches.
Machouanne, quelque soit l'angle, m'est toujours aussi stimulante.
Peut-être ai-je parfois une paresse à essayer de la voir, sachant qu'il va falloir tenir le niveau, sortir du lit intellectuel.

Planifié de lui faire enfin rencontrer ma fille et Majoja. Penser à préparer une rencontre avec Alirobine (filleule-de-ma-mère, lien quasi familial sympathique).

Enfin quelques heures et quelques nuits solitaires. Miam, pfiou, aaaaah.

Mes copaings sont tous à la montagne. Pas les sous pour suivre cette année. Tant pis…

Je marche dans deux sentiers à perdition, celui du crevard qui n'a jamais le rond suffisant pour les plaisirs qu'il saurait bien mieux apprécier que ces armées de bœufs (auxquelles il – pas César, moi – souhaiterait se mêler sans complexes, boudiné et con à la fois) et celui de l'incapable fini, frustré ad libitum et complexé ad nauseam. Et vice-versa.

Ca n'augure pas bien.

Je ne sens pas ma vie muter en accéléré et exploser rapidement, là. Pas de morsure d'araignée radioactive, pas de chauve looké qui me donne à choisir entre deux pilules. Très décevant, et la sécu ne rembourse pas cette santé médiocre.
Vraiment pas, d'ailleurs, puisque j'ai bien sûr laissé traîner assez de feuilles maladies pour combler le trou à moi tout seul. Plus la peine de privatiser, embrouillez les neuneus incapables de gérer leur paperasse.
Quoi ? Je suis seul dans ce cas ? Ben merde, je demande à être payé comme phénomène d'étude, ça rattrapera mes retards de remboursement…

Plus sérieusement, je n'aie pas envie d'être plus sérieux, et pourtant, le petit circuit endommagé dans ma tête grésille bruyamment. Bien essayé d'en parlé à mon bobolatête actuel… mais il me prend par tranches horaires tellement minuscules que je ne ressens pas le travail.
Je bénéficie depuis récemment d'une nouvelle mutuelle, qui me couvrira mieux que la CMU… Je vais donc chercher un chiatre secteur 3, je sais pas si le dépassement sera remboursé. Vérifier.

Troyen galactique

Cher Ray Zo,

Journal :

K-puchett ma emmené en w-e à Troyes. Cadeau pour fêter un an de relation. Et ce matin, ça faisait plus de deux semaines qu'on avait pas dormi séparément.
Pour moi, tout cela est de l'ordre de la performance.
Je n'ai pas de mauvais feeling là-dessus. K-puchett est vraiment d'une coolitude hors du commun et supporte mes envies de tranquillité, ma misanthropie, mon humour parfois hargneux, ma couplophobie chronique et mes besoins polyzamoureux .
Je le dis parce que c'est tout ce qu'il y a de véridique : j'ai bien du bol.

Pourtant, comme je te le disais il y a quelques jours, je dois vraiment me réveiller quelques matins seuls, le calme extérieur laissant la place pour s'étaler à mon bordel intérieur, que j'en trie les reliefs les plus importants.
Je ne peux pas faire ça quand j'ai de la compagnie. J'en serai uniquement fier si ça me compliquait pas la vie.

Bref. Ce w-e était bien sympathique. En fait, un w-e de couple comme on en vend sur le site sncf, tout compris. Non mais sérieusement, j'ai adoré Plaisir à revoir les façades anciennes de Troyes, où j'avais séjourné en squattant chez Flutine. Une fois de plus, raté la visite du musée d'art moderne. Qui ferme à la pause déjeuner.

Je n'en fais pas souvent, des petits escâpâdes comme ça. Pas le fric, surtout, et aussi un peu par goût pour la dispersion et la glandouille.

J'ai eu envie de vivre dans ce genre de villes pas si loin de Paris où le prix d'une pinte ne fait pas envisager les sorties comme une angoisse matérialiste.
La seule chose qui me manquerait vraiment-vraiment, au-delà de potes que je vois trop de toute façon trop peu, ce serait le ciné. Mais des dvd, une bonne connexion, des bouquins, deux ou trois bars fréquentables, et les restos moins chers… Ouaip, ça me tenterait bien de m'encroûter un peu dans une vie pépère. Laisser Paris à ceux qui ont le fric et les nerfs pour y vivre.

La tentation d'oublier tout espoir d'être un homme à projets, vivant au rythme d'une métropole, et de simplement vivre bien, en sam'suffit. Au risque de cultiver des regrets frustrés…

(On me dit que mon idée de baignoire de nuit (voir une entrée précédente) est un fantasme placentaire.
Peut-être. Mais la psychanalyse a ses limites. Ma mère était quelqu'un de très remuant, je n'associerais pas vraiment mon séjour prénatal à la tranquillité et au calme… )

En visionnage : Battlestar Galactica, saison 1. Pure bonne série, une vision très photoréaliste du space-opéra. Les relations entre les personnages sont assez proches du soap-opéra, avec la paranoïa sur l'ennemi intérieur en plus. Les loopings des chasseurs sont excellents, j'espère voir quelques grosses scènes de bataille… (tiens, ça me fait penser : dans le vide de l'espace, sur quoi s'exerce la poussée d'un réacteur ?)

Je guette aussi au tournant le mélange un peu new-age des références religieuses.

Bons sauvages

Cher Ray Zo,

En lecture
Chronique des jours à venir
, Ronald Wright.

Un post-apo dont le héros serait un anthropologue voyageur dans le temps. Tout un côté écolo dans le roman, plutôt loin de la rudesse Madmaxienne.
L'anthropologue justifie un côté savant dans l'aventure : narrateur très littéraire, universitaire.
Ca plus l'éditeur (Acte sud) me laissent l'impression d'une SF pour bobos. Une SF acceptable parce que savante, et traitant d'un avenir effectivement imaginé par le lectorat mainstream, où nature aurait repris ses droits à coups de catastrophes.

Je ne sais pas s'il faudrait se réjouir de l'apparition d'une SF pour bobo.
Il s'agit de transfiction. Je veux dire par là l'ensemble des romans utilisant la SF ou le fantastique comme moyen de dépasser les limites d'autres genres littéraires.

HS : On pourrait parler d'une transfiction bobo, et même d'une SF bobo, des récits qui multiplie les rapports avec des genres plus reconnus et s'adressant, au départ, à un public ne lisant pas particulièrement de SF. Il s'agirait même d'éloigner ces fictions du genre SF et de son lectorat en évitant de mettre ces livres dans le rayon des littératures de l'imaginaire. (Ruffin, L'actuel Redchef du Nouvel Obs en avait écrit un, je crois, roman d'anticipation très remarqué par la critique mainstream…).

Je trouve le roman bon. D'abord parce qu'utiliser un anthropologue comme personnage principal offre l'occasion de considérer notre présent comme un passé historique. Là où des auteurs issus du genre auraient été plus insistants dans le message, et plus attentifs à donner une dose contractuelle de rebondissements, R Wright utilise la forme d'une chronique d'exploration exotique pour esquiver l'aspect rébarbatif d'une prophétie de fin du monde écologiquement programmée.

Il joue sur le sentiment de mélancolie et de désabusement de l'universitaire et met en parallèle la déchéance d'un monde et celle de la culture classique. Le personnage était déjà "dépassé" dans le monde présent, il part à la poursuite d'une chimère d'aventure plus littéraire (l'utilisatrice de la machine n'est pas apparue avec son engin) que prometteuse d'action.

En lecture : La sensibilité individualiste, de Georges Palante.

Une de ces lectures réconfortantes, et confortantes tiens, qui me font penser "ouf, je ne suis pas fou". Ca parle de retrait, de méfiance envers la société, de mépris pour les groupes, de Stendhal et de Constant, de fierté de ne pas être assez insincère pour parvenir, d'un paradoxe résolu entre l'unicité et la spontanéité, du silence qu'on oppose à la société après un froissement intérieur…

Je me régale.




lundi 3 mars 2008

Un oreiller pour idéal

Cher Ray Zo,

Gnurf, les matinées dernières n'ont pas été assez grasses…

Drift : Dans mon addiction au sommeil et à la glandouille, il y a, comme dans la drogue, l'espoir d'un trip parfait. En fait, le sommeil peut me fournir au moins trois effets ph.
D'abord un réveil "efficace", se sentir dispo, les neurones démêlés.
Ou un réveil sensuel, lent et décontracté, ouaté. Ca demande de la préparation en matière de débranchement de téléphones et de vidage d'agenda… et c'est même pas garanti qu'on arrive à ce résultat ).
Il faut donc apprendre à apprécier le réveil décalant. Le vrai réveil du glandu, à une heure indifférente de la journée, du moment qu'elle se situe après midi… Le réveil Buko-lebowsky… Sans prendre aucun psychotrope, on est complètement hors du flux de la journée. L'inverse du jet-lag, le turtle-lag.

Bref. En ce moment, un réveil du type lent et doux est mon graal. J'ai parfois le temps pour ça, mais jamais la tête assez désencombrée… Ou l'organisme assez sainement nourri, je ne sais pas. Je recherche cet état, au point où l'évoquer me donne envie de me coucher même sans une journée préalablement bien remplie.
Je l'idéalise, j'imagine une brasse au ralenti dans les replis d'un lit immense, avec, pourquoi pas, des vaguelettes de plumes à l'intérieur des oreillers et du matelas, venant améliorer la portance de mon corps étendu…

Ca me fait penser qu'une invention du siècle, ce serait le lit dont tu te lèverais lavé… Un genre de baignoire à dormir remplie de jelly laiteuse, avec des odeurs programmables, qui resteraient sur la peau, herbe fraîche, musc, gingembre…
Je ne sais pas trop ce que ça donnerait pour faire l'amour ? Faudrait que ce soit programmable pour que la densité de la jelly produise un effet hamac…

Journal : petite soirée chez Machouanne ce w-e. Opportunément, k-puchett était malade et nous n'avons pas pu nous rendre chez et amis picards comme il était prévu.
Bonne soirée, mais deux petits points tristes. C'était la dernière soirée avant longtemps en compagnie de Phlegman, qui a soudainement décidé de partir enseigner en Chine. Ca va faire drôle… Je félicite intérieurement l'ami du Phlegman qui a su organiser ce revirement. Je pense vraiment que c'est ce qu'il fallait à superpolyglotte… Et j'aimerai bien pouvoir offrir des "chances" de ce genre. Pas simplement des plans piston, mais des situations qui ouvre le chemin aux gens…
Mon autre tristesse, c'est Machouanne, que je n'arrive pas à voir en tête à tête… et qui semble allez assez mal, si j'en crois certaines expressions de langage du corps qu'elle ne montrait plus depuis presque deux ans.
Appelé ma mère-grand, pas très bien. Mon père a repoussé le transport du cercueil de ma mère pour des raisons encore peu claires…

Vu : Rogue, avec Jet Li et Stentam. Clippé, action passable, histoire pas trop crétine...
2 days in Paris, de Julie Delpy : drôle et frais, esquive les défauts habituels des comédies intimistes. Le petit bout d'amérique, le sujet, la légèreté de la mise en scène ?
Clerks 2 : moins culte sûrement que le premier, et avec quelques notes mainstream fadasses, mais vraiment drôle, et puis je me sens très très concerné par ces 30naires régressifs.
Kevin Smith s'est essayé au mainstream dernièrement, et ça lui réussit que moyennement… Je suis curieux de savoir qu'est-ce qu'il va donner maintenant qu'il est un peu venu à bout de sa veine indé réaliste geek..

samedi 1 mars 2008

moimoimoi

Cher Ray Zo,


Plus de quatre nuits accompagnées, plus de quatre matins sans solitude, c'est trop.

Ce n'est pas la faute de k-puchett. C'est moimoimoi. Je suis un vieux garçon. J'aime prendre du temps avec une amoureuse (ou une amante, ou une compagne de sommeil… bref) mais également, totalement également, j'aime être seul, sortir seul, avoir la possibilité d' improviser inconditionnellement, fut-ce une soirée canapé-chips avec moi et un album de Renaud. C'est sans doute un défaut. Par contre, je ne crois pas une minute que ce soit de l'égoïsme. Ou, en tout cas, ce n'est pas plus égoïste que le rapport de couple, où l'on estime tout naturel que l'autre nous prenne en compte à tout moment dans ses besoins et ses envies.

De l'égocentrisme, oui, peut être…. Pour compenser la face égocentrique débordée de tous les aspects de ma vie sociale : me sentir concerné par tous et n'importe quoi à proximité. C'est pas de l'empathie, parce que je peux parfaitement être bouché sur ce que vit réellement l'autre… C'est de l'attention en apnée, à la différence de l'attention flottante qui dit-on, réussit aux psychanalystes.


Appeler Majoja au dernier moment – le matin même - pour passer une soirée et un lendemain avec elle et ma fille, c'est nul. Encore un produit de mon défaut d'organisation. Je compense la multiplication de rendez-vous contraints (pas chiants, hein, juste que pas venir serait frustrant pour moi ou l'autre) par une non projection. Celle-ci aboutit à une impression subjective de liberté, alors qu'en fait, il s'agit d'un flou dans lequel m'attendent lesdites contraintes. Et je me les prend dans la tronche quand je les ai vraiment oubliées.
Faut vraiment que je prenne l'habitude de tenir un agenda.

En fait, si je tenais un agenda, je finirai par le remplir de trop, et par avoir la faiblesse de laisser prendre toutes mes heures libres par des activités avec des gens (les gens, les sales gens, avex leurs yeux putrides et…). Je ne pourrai pas préserver ma solitude vitale chérie. Aboutir au même malaise par une autre voie.
Faut vraiment, vraiment que je me reconditionne correctement.

En même temps, faut dire ce qui est : je suis content comme ça, ma petite vie multifacettes me satisfait souvent. J'essaie d'être "bon" dans ce cadre...


En lecture : Le contentement de Jennifer Wilson, A.L Kennedy

Le nouveau colocataire de Jennifer est amnésique et luit un peu dans le noir. Jennifer est insensible et solitaire. Mais quand le monsieur se souvient avoir été Savinien de Cyrano de Bergerac, ça agite un peu son petit monde…
L'histoire d'une représentante d'une génération paumée, avec le pragmatisme caustique comme garde-fou…
Se lit avec plaisir pour l'instant, mais comme je trouve le sujet ambitieux, j'espère un peu être impressionné.

Pour l'instant, la bonne surprise c'est que la distance que la narratrice pense avoir avec le monde se manifeste dans sa distance avec sa position de narratrice, tout en prenant en considération le lecteur. Et sa lucidité moqueuse la trompe sans qu'elle s'en aperçoive… Oui, bon, elle est paumée, comme je disais.