05/05/08
Cher Ray Zo,
Journal :
Il y a une porte à côté de mon accueil. Beaucoup de passage. Cette porte à, depuis trois semaines, une voix sympathique. Un grincement qui tourne bien. Ca fait une sorte de court "ah" de surprise, selon la vitesse, plus ou moins interrogatif ou joyeux.
Presque à chaque fois je me tourne pour essayer de trouver ce qu'il y a d'étonnant dans le hall. Rien. Sauf moi mais chut.
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Mode semi-automatique.
Juste pour le bruit, la concentration minimale.
Minimal, on est mal.
Involonté d'être là. Là au boulot, là chez les amis, là avec celle qui dure.
Je ne m'en fous pas. Je ne m'en fous pas. Je n'éprouve pas d'envies. Je veux me reposer, me coucher. J'ai toutes les peines du monde à rester éveillé.
Et le reconnaître c'est me perdre, m'abandonner. Admettre. Ce n'est ni bien ni mal, c'est. Et seule la peur me retiens de pas dormir.
La boîte va me jeter, et je tiens encore cette barre. Pour une poignée d'Euros de plus.
Manque de stimuli. Manque d'espoir. Manque de repos.
Envie de me laisser partir dans le sommeil. Le sommeil, c'est ma confiance. Je m'endors parce que je veux croire qu'on me protège. Qu'on me veille. Le sommeil, c'est moins d'anxiété, personne qui m'attend.
Si j'ai tant de mal à résister, c'est sans doute que je ne m'attends plus.
Je parle parfois d'addiction à la farniente. En partie parce qu'au-delà des ressentis physiologiques, il y a l'obsession.
Que ce serait bien, un shoot.
Le matelas qui s'étend, la lumière douce, la pièce tiède, et glou-glou-glou… la torpeur, le sommeil.
Drift-raff :
A chaque fois que je tombe sur cette expression, j'ai l'esprit qui part faire des noeuds : "avoir une identité secrète". Ca m'arrive souvent, puisque j'aimons bien les comics avec des super-héros, et les films, et les séries, et les magazines.. Bref. Et régulièrement, je vérifie mentalement si Spider-man est l'identité secrète de Peter Parker plutôt que l'inverse. C'est-à-dire que Peter Parker est le secret de Spider-man, même si Spider-man celui de Peter Parker.
Voyez, même en connaissant l'info, ça n'est pas clair.
Mais alors certains disent " vivre sous une identité secrète". Et là c'est impropre, ou je comprend plus du tout : le secret devrait être caché dessous une identité, pas la vraie vie sous l'identité secrète.
Je pense que c'est un problème d'habitude linguistique. On dit "vive sous une fausse identité". Et là c'est logique, la fausse identité est fabriquée pour cacher la vraie. Mais vivre sous une identité secrète… Je vois trop des gens qui se baladent avec des masques et des t-shirts "j'ai une autre identité mais c'est un secret".
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Jubilatoire.
J'en ai marre de lire ce mot partout. Pas une semaine sans qu'un critique jubile sur quelque chose. Je ne sais pas ce qui parait sonner le plus faux : qu'il y ait un grand courant d'objets culturels excellents dans les océans médiatiques, et que je sois tout bonnement incapable d'en suivre la vague, ou que parmi la frange cultivée de la population, il y a des gens qui pètent d'enthousiasme.
Un peu les deux. Mais j'ai l'impression, pour la seconde hypothèse, que cette jubilation relève souvent d'une excitation superficielle. Des petites joies qui voudraient se faire passer pour des fenêtres sur le bonheur.
En fait, je ne comprend pas qu'on puisse être intelligent, apparemment si joyeux et finalement si chiant.
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Honnête homme, ça sonne bien.
Ce qui me plait, dans cette expression vieillotte, c'est cette synthèse entre l'ouverture d'esprit et la morale.
L'honnête homme semble une figure assez naïve, puisque le progrès technique et le progrès moral, sans parler de l'accessibilité du bonheur, ont révélé leur indépendance. Pourtant… Qu'est-ce qu'on peut mettre à la place, vraiment ?
Des capillotracteurs, qui, par refus de l'utilitarisme, jouent avec les riens, infatués de leur sujet au point de croire rejoindre ainsi le tout.
Des robots-mixeurs, qui entassent tout, et on balance deux trois trucs hyper-pointus pour faire croire qu'on est pas largué.
Des robots-mixeurs eschatologiques, les mêmes en descente de trip.
Des spécialistes planqués derrière la neutralité d'un savoir circonscrit au poil près.
Des meutes de surinformés mal lunés.
Des bonnes âmes graphomanes.
Le pire ce n'est pas qu'ils se mêlent au bruit d'un trop plein de fréquences. C'est que ce rendre compte qu'ils ne disent rien de fort requiert plus d'attention que les autres braillards.
Visionné :
Tu peux toujours dire que je suis un rêveur. Mais je ne suis pas le seul.
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