mardi 6 mai 2008

Famille je te... oh, et puis zut.

6/5/08


Cher Ray Zo,

Journal :


Ca ne rigole plus.

J'entame une période à famille. Au programme, mon frère et ma grand-mère sont chez moi pour deux semaines, et ce w-e je vais chez mon père pour me faire présenter son ex-maîtresse et future femme.

Très grosse pression, et pas de la petite bière.


Pendant ces deux semaines, je vais probablement vivre une grande partie du temps dans les frusques du "paumé qui donne de l'inquiétude". Et dans la famille, quand on est inquiet, c'est lourd.

Comme ce moment-là, au collège. Tu viens de dessiner un super beau robot de guerre sur ta table. Le bras gauche est démesuré, mais avec le triple canon, ça le fait bien quand même. Ca le fait même mieux que si c'était symétrique. Et puis quelque chose attire ton attention. Un silence inhabituel. Pas de bourdonnement de bavardage, ni la mélopée hoquetante de Mme Varan, la prof d'HG.

"Vous pouvez me dire ce que vous faites ?", demande-t-elle avec une voix frappante, pleine d'offuscation, et surtout bien trop proche. Et elle attend vraiment que tu répondes "je dessine sur la table". Elle bougera pas tant que tu l'as pas fait. Les excuses ne fonctionnent pas, il faut dire tout haut "là, je fais une grosse connerie ridicule".

Mieux : imagine un voleur de pomme au milieu d'une lande sèche et rocailleuse. Et une section de tanks et des hélicos type forteresses volantes autour de lui. Et dans l'un d'eux, un hygiaphone, avec lequel un général crie au gars : "et maintenant, tu comptes faire quoi ?". Et il attend une réponse, hein. Et même des actes. Il renverra pas les tanks tant que le voleur n'aura pas bredouillé bêtement et longuement. Sinon c'est pas du travail.


Un moment comme ça, étendu sur deux semaines.

Cette pression se nomme culpabilité. A petites doses, ça va de paire avec la compassion, l'empathie, le cœur, ce genre de choses. Un don de naissance, parait-il. Désagréable mais lubrifiant social essentiel.

A grosses doses, c'est un peu comme un 6ème orteil gauche. Ca sert à se faire mal et à rien d'autre.


Alors je les sens assez mal, ces semaines à venir.

Il y aura probablement quelques jours critiques où je commencerai le chômage et où ma grand-mère sera encore là. J'envisage diverses stratégies de fuites. Je n'échapperai pas à certains regards matinaux me signifiant que je suis le Héraut de la Désespérance, et aussi un sale gosse. Au réveil c'est déjà pas la joie, une journée entière, c'est depressiogène, ou masochiste.

J'espère qu'il fera encore beau et qu'il y aura des trucs à voir au ciné.


Drift-raff :

- Comment ça, une relation juste pour le plaisir, sans prise de tête ? On est pas des animaux !

- Exactement. Les animaux ne pratiquent le sexe que pour se reproduire. Je n'ai pas l'intention de nous rabaisser, je cherche donc uniquement le plaisir.



Tu peux toujours dire que je suis un rêveur. Mais je ne suis pas le seul.

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