mardi 6 mai 2008

Pas de nerfs, pas de guerre.

Cher Ray Zo,


Journal :


Demain je revois ma responsable pour préciser les modalités de mon licenciement. J'ai annoncé la nouvelle à mon père, qui s'inquiète et se fâche.


A côté de ça, toujours pas de signe de l'assurance maladie. J'ai une dent du bas qu'est en train de partir en miettes depuis un mois ou deux, et j'ai pas consulté parce que pas les moyens… Mais là, j'ai surtout plus moyen de reculer. J'ai des éclairs de douleurs dès qu'un bout de nourriture se balade par là. J'espère que le dentiste sera patient à l'encaissement du chèque.


Le temps passe bien trop lentement aujourd'hui.

J'ai hâte d'arriver à une journée de farniente. Flotter chez moi comme un nuage.

Je crois qu'à la fatigue de cette semaine éprouvante vient s'ajouter l'anticipation décourageante de mes prochaines semaines à famille.


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Je me souviens d'un texte, pêché je ne sais plus où.

Ca disait : comment rendre votre vie plus prenante qu'un film d'action.

L'idée, c'est que le rédacteur du texte appartenait à une génération d'ennemis. Des jeunes gens modernes, amoraux, rapides, qui guettaient ma chute.


J'étais pas très doué pour la haine, la concurrence, les rapports de domination. Plus doué pour le peur, la faiblesse et l'empathie. Pourtant, de déceptions en désarrois, je me sens venir des mépris plus crispés. Marre de ménager les individus…

Marre d'être doux.


M'imaginer des ennemis, derrière le visage des éternels jeunes cons batailleurs et des sempiternels petits caporaux de l'égocentrisme, les sentir nuisibles en plus de les savoir bêtes, et finalement les regarder comme un camp adverse concret… Croire que ce sont des gens que je pourrai cogner, vraiment, et me préparer à cette éventualité. Rétrécir mon champ de vision jusqu'à devenir capable de penser que quelqu'un est entièrement connard.


M'inscrire dans cette opposition, comme n'importe quel mini-prédateur de la société concurrentielle et sportive. Ou n'importe quel casse-pieds professionnel. Ca pourrait m'aider à trouver ma place, accepter les rapports de soumission et d'autorité. Je pourrai prendre plaisir aux rancoeurs, et peut-être jouir des victoires de merde.

Ca m'apprendrait la discipline.


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